Librairie - Cent Livres

( Description de la librairie:

La librairie Cent Livres, c'est en fait l'étage inférieur d'une maison, que l'on aurait remodelé pour entrer dans le cadre de sa fonction. Mais les rénovations sont plutôt flagrantes en leur genre, mal colmatées par le passé par quiconque les ayant accompli.

La boutique a un comptoir, trois étagères. Celles-ci sont plus ou moins droites, selon l'angle que votre tête est inclinée pour les observer. Elles contiennent environ une quarantaine de livres chaque.

Le comptoir se situe au centre de la pièce, à côté d'un escalier en collimaçon qui mène à l'étage supérieur. La porte qui ouvre sur le deuxième étage est quasi impénétrable; il semble que le dernier propriétaire fut aussi paranoïaque de ses consommateurs qu'Halyce. Proche du comptoir, deux ou trois bureaux faits de bois moisi, fabriqués par Halyce elle-même pour ses kiosques d'écriture.

En ouvrant la porte de la boutique, un tintillement pas si tintillant se fait entendre, pour aviser la présente propriétaire de la venue de quelqu'un.

Il faut aussi faire attention aux rats, qui semblent avoir construit leurs maisons à l'arrière des étagères, dans les murs. Ils passent dans la boutique de façon régulière.)

Halyce parcourut du bout des doigts le cuir des livres dans la pseudo étagère. Elle repensa avec humour la raison qui avait poussé elle et sa mère à rebaptiser la librairie à leur arrivée.

Autrefois, elle se nommait "Au pied de la Lettre". Nom moche, pourri, sans cocacité.

D'abord, Cent Livres, c'était à peu près le nombre qu'il y avait dans la petite boutique; un chiffre assez ridicule pour une librairie.
Ensuite, le sens caché du nom du commerce venait de l'homophonie "cent"; "sans", ou même encore, "sang". Sans, car la plupart des livres avaient été censurés; l'essentiel ayant disparu des pages, on ne pouvait plus considérer un bouquin comme tel. Sang, tout simplement pour décrire l'atmosphère de la ville.

Cent Livres.

Halyce soupira, puis retira ses doigts des couvertures poussièreuses. Une autre journée à fixer le plafond s'ouvrait devant elle. Les consommateurs étaient si rares; avec raison.

Leigh était de mauvaise humeur, pour changer. Deux énormes paquets sous le bras, il revenait de son petit shopping d'ingrédients toxiques et dangereux, et bien sûr, il s'était encore perdu.
Maudite ville.
Gueuler sur un pauvre mendiant de passage ne le calma pas, et il shoota avec rage dans un pavé qui traînait. Qu'il finit par insulter copieusement, maintenant qu'il s'était écrabouillé les orteils dessus.

"MAIS MAARRE!"

C'est en continuant son chemin en boitillant et en pestant qu'il tomba sur un magasin miteux. Ou plutôt une librairie, d'après ce qu'il voyait à travers les vitres crasseuses. Dans un panneau de bois cloué au dessus de la porte, était gravée l'inscription "Cent Livres".

"...mmh? Un triple jeu de mots? Y aurait-il des gens avec un reste de cervelle dans cette ville de dégénérés?"

Sa curiosité atténua quelque peu sa colère, mais pas assez du moins pour se retenir d'ouvrir la porte d'un grand coup de pied (celui encore opérationnel).

"HEY! Y a quelqu'un?"

Halyce, au beau milieu de la pièce, était en train de s'inventer de la paperasse sur son comptoir lorsque l'énergumène fit irruption dans sa très, très modeste librairie. Eh, qui osait la déranger dans ses relevés d'impôts imaginaires -les autorités locales n'avaient pas particulièrement la gentillesse de vous laisser un reçu, expliquant qu'Halyce avait dû, le mois dernier, subir une double imposition- !

Halyce regarda d'un air antipathique le survenant.

Gentille, gentille. Monsieur a des rubis. Gentille.

Heureusement pour lui qu'elle avait une pression artérielle plutôt faible.

"Je peux vous aider, monsieur?"

Alors qu'il commençait à déambuler dans la petite pièce avec son traditionnel air impérial, Leigh aperçut une tête rousse surgir derrière le comptoir. Appartenant à une fille d'une pâleur mortelle, et, détail qui fit monter sa mauvaise humeur en flèche, légèrement plus grande que lui.

"Si vous pouvez m'aider? Naturellement! J'aurais un besoin urgent de soins pour des orteils qu'un pavé a traitreusement heurté de plein fouet. Et vite!"

Puis, avec une mimique de douleur, il s'assit sur une pile de livres qui traînait, et déposa ses paquets à ses pieds. Après avoir fait le tour de la petite pièce, son regard cerclé de lunettes rondes s'agrandit dédaigneusement.

"Comment, vous êtes encore là?"

Halyce se mit le coude sur le comptoir, main supportant son menton, tandis que l'autre main s'affairait à tenir la grande manche verte qui voulait glisser de son bras. Elle planta un regard vert d'une fureur bien contenue dans celui de l'étranger.

Comment osait-il, cette brute qui lui donnait des ordres? Elle l'avait toujours su; que des fous dans cette ville.

Elle avait le goût de lui dire d'un ton menaçant qu'ici, c'est une librairie. Coco, tu t'es vraiment, mais alors là, vraiment gourré d'endroit, mec.

La jeune femme espéra que ses yeux lui transmirent le message non verbal.

Mais il lui vint une idée...

"Dites. Combien vous me donnez pour ça? En rubis, je veux dire."

Elle ne le lâcha pas des yeux.

Leigh haussa un sourcil. Tiens? Quel était donc ce regard vert venimeux? Intéressant.
Et elle répondait? Au moins, elle ne perdait pas le nord, celle-là.

"Qui vous parle de rubis? Vous vous devez de rendre service, en tant que citoyenne de Ganoncity, à l'un de vos confères blessé!"

Et il remonta ses lunettes sur son nez.

Halyce haussa les épaules. Bah. Il l'avait cherché. Pas de rubis. Pas de service. Après tout, elle n'était pas l'esclave personnelle d'un imbécile s'ayant foulé n'importe quel membre sur un pavé!

Elle soupira bruyamment. Lui faire perdre son temps ainsi...

De façon nonchalante, elle fit le tour de son comptoir, puis se dirigea vers le nain au sale caractère.

Empoignement des épaules, élévation des épaules, raccompagnement vers la porte.

Voix monotone.

"La librairie Cent Livres vous remercie de votre visite. Au plaisir de vous vendre n'importe quel manuscrit de référence."

Elle lui ouvrit la porte, qui fit, comme d'habitude, un vacarme de grincements et de tintillements.

"Hé hé hé HEEEY!!"

C'était quoi cette insolente...? Le reconduire à la porte de la sorte, comme un vulgaire client sans le sou, alors que lui, Leigh Andemon, était le plus grand inventeur de cette ère?

"Attendez mademoiselle! Vous n'avez pas l'air de comprendre la gravité de la situation! JE SOUFFRE!"

Grimace théatrale à l'appui.

"Mais oui. Nous souffrons tous."

Halyce aurait aimé le pousser davantage, mais l'innoportun résistait quand même à sa sortie de scène. Résultat: ses bras meurtris de gales recommencèrent à la brûler sous les fines manches du chandail. Impossibilité de pousser plus. Mal.

"De...hors."

Sa voix se fit autoritaire, tout comme ses yeux crispés sous la douleur camouflée.

Leigh avait décidé d'être lourd. D'être chiant. C'était l'une de ses activités favorites, même s'il ne s'en rendait pas toujours compte.

"Navré, mademoiselle! Le CLIENT est roi et là, le CLIENT n'a pas envie de sortir. Et vous êtes d'une paleur mortelle, ça serait cruel de ma part de vous laisser toute seule, vous ne croyez pas? Alors soyez gentille, des pansements."

D'un geste brusque, il se dégagea de la prise de la jeune fille, ce qui fait glisser le châle qui lui couvrait les bras.
Le regard de Leigh s'agrandit de stupeur devant ce qu'il vit.

"hey. qu-qu'est ce que c'est.. que ça?..."

Ah. Miiirde.

Cette foutue allergie. Elle lui avait déjà fait perdre une dizaine de clients maintenant; les gales ne rendaient pas particulièrement sa peau attrayante. De peur qu'elle ait une maladie contagieuse, ils avaient fuit... Pauvres bougres écervelés.

Et en voilà un autre.

"Ça? Absolument rien. Retournez donc d'où vous venez et laissez les pauvres marchands vivre en paix et, accessoirement, essayer de faire un peu de profit de leur misérable gagne-pain."

Woah. Halyce était vraiment irritée. Les monologues, ce n'était pas son point fort.

"Je suis désolé, mais vous venez de piquer ma curiosité scientifique."

Leigh s'approcha, réajustant ses lunettes devant ses deux grand yeux bleus, pétillants d'intérêt.

"Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de pousser mes recherches en médecine. Allez, venez par là, au soleil, on voit rien ici."

Il la tira par le poignet, sans grande délicatesse, pour la placer sous la fenêtre, d'où jaillissait un timide rayon de soleil.

"Qu'est ce que c'est, au juste?"

Ce client; non, cette chose, était littéralement en train de jouer avec ses nerfs sensibles et hostiles. Halyce aurait adoré rester muette, juste pour observer ses grands yeux bleus brillants de stupidité et de surprise.

Sérieusement, on aurait dit une vache qui observe un goron, qui roule à toute vitesse, passer.

Meurk. Le soleil. Cette chose hideuse qui lui donnait des brûlures si surexposition...

Elle ouvrit enfin la bouche.

"Ça se voit pas? De l'allergie. C'est tout. C'est très propre dans le coin, voyez-vous."

Retour à l'ironie et au calme.

"Vraiment?"

IL se rapprocha des plaies, tant qu'il avait presque le nez dessus.

"Et naturellement, vous ne faîtes rien pour vous soigner? Quel laisser-aller!"

Leigh relava la tête, et d'un ton insupportablement docte, débita fièrement ses connaissances.

"Si vous voulez mon avis de génial inventeur et même de génie tout court, cette plaie pourrait sans doute se guérir très facilement avec une application d'une pommade de salsefeuille, de rhubarbarbe mêlée à du florure de méthylocrylate, et avec une pincée de 2,3-propylbichloromanganèse de potassium. De toute évidence."

Dieu qu'il s'aimait.

"NON!"

Halyce le regarda de façon cocasse, main devant la bouche.

"Pour vrai!"

Elle se libéra de son emprise, virevolta vers le milieu de la librairie. Elle se dirigea vers l'une des étagères, fourmilla des doigts dans les couvertures pour en retirer un livre qui n'était pas à vendre. Il faisait partie de sa collection personnelle.

Elle chercha rapidement dans l'index pour "éruptions cutanées", se rendit à la page indiquée, puis lut à voix haute.

"Appliquez de la salsefeuille précédemment bouillie et refoidie avec une compresse de rhubarbe. Laissez le tout sur la plaie pour une durée de vingt-quatre à quarante-huit heures."

Halyce referma le livre de référence avec grand bruit et poussière.

"Maintenant, monsieur le génie."

Sa voix et son expression corporelle étaient redevenues normales.

"OÙ je me procure ça, ici, où les champs sont aussi rares que les nobles honnêtes?"

Oh! Ainsi donc la recette que son cerveau transpirant le génie venait d'inventer existait déjà...?
Il s'empara sans demander l'autorisation du volumineux ouvrage et se mit à chercher le nom de l'auteur.

"Pardon? Comment vous les procurer?"

Leigh lui envoya un large sourire suffisant.

"Mais mademoiselle, ce n'est pas mon problème! Je suis un scientifique, un génie, certainement pas un cueilleur! Estimez-vous heureuse que je daigne vous faire partager mon savoir...!"

Et il replongea dans son bouquin, fier de sa prestation.

"C'est bien ce que je pensais."

Sérieusement, ce scientruc était aussi utile que le "H" d'"Hylien"...

"N'empêche qu'un inventeur qui invente des trucs déjà inventés, quelle invention."

Elle lui enleva prestement le bouquin des mains, non sans lui faire une courte lutte de c'est-à-moi-donne-le-moi.

"Estimez vous heureux que je ne vous fasse pas payer les rubis pour cette lecture innoportune. Lire sans payer, c'est voler."

Regard émeraude et meurtrier.

Leigh lui envoya un regard dur.

"Je ne pouvais pas savoir que cela existait déjà. Toujours est-il que je l'ai inventé, même si je ne suis pas le premier!"

Il lui reprit le livre des mains, avec férocité.

"Et ce bouquin, je vous l'achète! Et à mon avis, il ne vaut pas plus de 3 rubis. Tenez."

Il lui tendit les trois pierres vertes.

"Là"

Halyce, pour la première fois de sa vie, repoussa les rubis du revers de la main. Les impôts coutaient cher, mais pas au point de vendre un de ses livres les plus précieux, non censuré, ayant appartenu à sa défunte mère.

"Non, non et re non."

C'était final. Elle recommença sa lutte avec Leigh de c'est-à-moi-donne-le-moi, même si sur ses lèvres étaient imprimées la douleur des plaies.

"Il n'est pas à vendre! Il est trop précieux!"

Sa mère lui avait dit qu'autrefois, ce livre avait appartenu à son grand-père, qu'Halyce n'avait jamais vu.

Après une chaude lutte, Halyce haleta enfin:

"D'ac-d'accord! Vous pouvez venir le consulter! Mais JUSTE le consulter! Un rubis par séance, payable avant la lecture. Limite de deux heures!"

Elle espérait que le zigoto allait enfin lâcher son livre.

Leigh n'avait pas la moindre intention de se laisser faire. Les gens d'ici-bas n'avaient pas l'air de comprendre que ses ordres étaient aussi indiscutables que son génie.

"Mademoiselle! Je vous prierai de ne pas vous opposer à la volonté du client. Pas étonnant que ce bâtiment tombe en ruine si vous êtes aussi têtue!"

Il tira le volume à lui, mais il avait l'impression que les ongles de la jeune femme était littéralement enfoncés dans la couverture.

"Et puis, attendez, je ne retrouverai jamais cet endroit! Et vous devriez m'être reconnaissante, je daigne faire marcher votre commerce miteux! Allez, un peu de bonne volonté!"

Le jeune homme essaya de décrocher un à un les doigts de cette harpie rousse. Son regard vif aperçut alors le nom de l'auteur, à moitié effacé et caché par un des doigts de la jeune fille.

"... Donael Nodeest?... ce nom me dit vaguement quelque chose..."

Halyce allait lui objecter qu'elle pouvait très bien lui vendre une carte de la Basse-Ville qui disait clairement où était situé sa petite librairie, lorsque ses oreilles pointues captèrent quelque chose...

Donael Nodeest?

Nodeest?

Comment était-ce possible?

Halyce resta de marbre le temps de quelques secondes, yeux écartés.

Sa mère et elle avaient changé de nom de famille autant de fois qu'Halyce avait de doigts sur son corps... Nodeest, le dernier imposé par sa mère, juste avant son décès... Hein?

Est-ce que c'était un message subtil de lui dire que c'était son vrai nom de famille?

Non. Pas possible.

Mais en y réfléchissant... Tous les autres noms de famille avait tourné autour ces teintes...

Soneted...

Todseen...

Et Donael? Son grand-père? Elle en savait que peu sur lui; un espèce d'érudit pseudo-médecin... C'était tout...

Enfin.

Halyce se secoua la tête.

"Ouais, et?"

"Eh bien, il me semblait que mes parents m'avaient parlé de cette personne... Mais c'est tout. Je ne pensais pas qu'un endroit aussi misérable que celui-ci puisse abriter un quelconque ouvrage digne d'être lu!"

Il perçut malgré tout l'étonnement de la jeune femme quand il lut le nom de l'auteur, mais il ne s'en formalisa pas. Il en fut quand même un peu vexé; peut-être s'imaginait-elle que lui, le grand Leigh Andemon, futur dieu vivant, ne savait pas lire?

"Je commence à perde patience mademoiselle, allez-vous lâcher ce livre à la fin??"

Ses sourcils, cachés par ses cheveux noirs en bataille se fronçaient de mécontentement.

Comment osait-il, ce nain prétentieux? Parler ainsi de sa librairie, alors que c'était un des endroits les plus propres, paisibles, et chaleureux de toute la ville! Eh puis, pourquoi la librairie ne serait pas digne de recevoir un livre écrit par le grand-père même de la dite propriétaire? Tout pour mettre la jeune femme en rogne.

"Moi je perds patience. Je le répète; ce livre n'est pas à vendre. Consultez-le tout de suite ou fichez le camps."

Halyce avait vraiment hâte qu'il lâche prise du foutu livre. Sa proximité commençait à lui donner des frissons de déplaisir dans le dos.

Leigh s'impatientait. Et l'entêtement de cette fille le mettait tellement hors de lui, qu'il lâcha le maudit bouquin.

"Très bien! Très bien! Je m'en vais! Vous venez de perdre votre unique client pour les dix prochaines années.... et j'espère bien que vous mourrez de remord, en repensant à cette journée!!"

Furieux d'avoir perdu la partie, il postillonnait sur la fille comme s'il avait envie de la noyer. Puis, il se détourna, après un dernier 'Allez en enfer!' furibond, et posa la main sur la poignée, prêt à sortir de ce trou à rats.

Soudain un formidable coup de tonnerre éclata au dessus de la petite boutique, faisant trembler les murs.
Leigh sursauta violemment et lâcha la poignée.
Une pluie torrentielle s'était brusquement abattue sur le quartier. On ne distinguait plus rien par les fenêtres, comme si un épais rideau gris avait été balancé sur la boutique.

D'abord surpris, l'hylien grimaça. Avec ses précieuses courses, il ne pouvait se permettre de traverser la ville sous cette douche froide....

"... je vais devoir attendre... ici..."

Dans un soupir suprèmement exaspéré, il s'avança vers le centre de la pièce, croisa les bras et se cala contre une étagère.

"Et croyez bien que ça ne m'enchante pas plus que vous!"

Coup de tonerre retentissant. Léger sursaut. Rah! La vaine! Un orage venait d'éclater à l'extérieur. Les orages faisaient partie d'une chaîne logique pour Halyce.

Orage = Pluie très forte = Toiture mal colmatée qui dégoulinait = Eau qui s'infiltrait dans la librairie = Étagères en danger = Livres en danger = Pages mouillées dont les caractères s'effaçaient = Danger pour le commerce = Impôts non payés ou en retard = SA MORT.

Un vent de panique saisi immédiatement Halyce. Pas. possible. Elle ne voulait pas mourir à cause d'un stupide orage!

Rapidement, l'Hylienne replaça le livre tant adulé écrit par son grand-père à son endroit tout spécial dans l'étagère. Elle fit ensuite demi-tour sur elle-même avec une démarche troublée et anxieuse.

Non. Le nain ne pouvait pas rester! Halyce devait absolument protéger ses livres, et ce petit emmerdeur allait se mettre dans son chemin. Pour la deuxième fois de la journée, mais cette fois-ci avec une poigne tremblante de désarroi, la jeune femme tenta de foutre Leigh à la porte.

"Allez, on ferme, y'a pas de "Je vais devoir attendre" qui tiennent."

Rapidement, elle ouvrit la porte de sa boutique.

Mais sa prise sur Leigh se relâcha aussitôt.

Les rues... commençaient à être innondées d'eau. Une épaisse boue s'était formée, et montait dangeureusement les marches qui menaient à la librairie. Une odeur pestilentielle montait au nez...

Les eaux de l'abreuvoir. Le niveau avait monté...

Halyce referma la porte aussi rapidement qu'elle l'avait ouverte.

Puis elle s'élança dans les étagères pour prendre le plus de livres que ses maigres bras le pouvaient.