Chez Harijan

Ce n'était pas une grande maison. Un petit taudis à la limite, avec tout juste de la place pour un lit, une étagère pleine de vieux livres, et... rien d'autres. D'un autre côté, Harijan n'avait pas besoin d'autre chose. Même le trou dans le toit lui convenait à merveille, ça lui permettait de voir les étoiles et de prendre une douche lorsque le temps y était.
Harijan n'avait pas posé de verrou à la porte, ni aucune autre forme de protection contre les voleurs. Considérant qu'il n'avait même pas de porte pour commencer, il trouvait ça parfaitement inutile. Ayant lui-même volé tous les livres en sa possession, il ne voyait pas d'inconvénient à ce que d'autres les lui volent aussi. De toute façon il les avait déjà tous lu, et il connaissait un certain nombre d'adresse où en obtenir de nouveaux. Quant à son lit, il aurait fallut de démonter pour le faire sortir, et il ne voyait pas qui aurait voulu prendre une telle peine pour si peu. Restait le risque que quelqu'un s'installe chez lui. On avait déjà essayé. On n'avait jamais recommencé.
Finalement, Harijan était parfaitement heureux chez lui. D'autant plus qu'il avait la chance de vivre près de l'avenue des Emietteuses. Les filles et les garçons qui y travaillaient l'aimaient bien à ce qu'il semblait, peut-être parce qu'il venait parfois discuter avec eux et qu'il leur donnait souvent le fruit de ses vols lorsqu'ils avaient leur trop fatigué par leur travail. Et puis, là-bas, il y avait toujours plein de gens à voler. C'était marrant.

Il était justement en train de se dire combien sa vie était bien agréable tout de même, et quelle chance il avait de vivre dans une vie aussi passionnante que Ganoncity, lorsque son estomac lui rappella avec brutalité que ce n'était pas tout de rêver. Parfois, il fallait manger aussi. et Parfois, c'était là, maintenant. Tout de suite.

*ça va, j'ai compris... ça tombe bien, à cette heure-ci il y a un marchand ambulant qui traine aux Emietteuses en général... il vend de ses gâteaux au gingembre et à la canelle, un régal*

Se levant de son lit où il s'était installé pour rêvasser, le jeune homme quitta sa modeste mais adorée demeure et se dirigea vers le quartier voisin.

==>Avenue des Emietteuses

(< Abreuvoir)

Leigh déboula dans la pièce avant même qu'Harijan ne l'y invite. Il y faisait un peu plus chaud, pas un pet de vent. Il renifla: pas d'odeur de cadavre. Ok. Il envoya donc valser l'affreux gilet sur un mur. Supporter cette chose sur son petit corps bleui de froid avait été aussi éprouvant que la perspective de devoir passer une nuit en compagnie d'un inférieur.

"Mais c'est tout petit ici!! T'as pas honte de m'inviter dans un taudis pareil!!?"

Leigh savait pertinemment que son précédent chez lui avait le quart de l'espace et de la solidité de celui-ci, mais c'était plus fort que lui, fallait qu'il gueule. Pour pas que l'autre sente qu'il était plutôt content d'avoir quatre murs aussi épais autour de lui.
Les mains sur les hanches, une moue de souverain mépris sur le coin de la bouche, il inspecta les lieux. Bien sûr, il repéra aussitôt l'étagère croûlant sous les livres.

"Tu sais lire??!!!"

Fébrile, il se jeta dessus. Il y avait absolument n'importe quoi: des livres de contes, la biographie de Ganonodorf, des livres de recette de cuisine gerudo, "comment conquérir le monde en 20 leçons" (il nota mentalement le nom de l'auteur), des livres de vulgarisation scientifique sur l'alchimie organique (regard suffisant: il savait déjà tout et même plus dessus), et tout un tas de trucs stupides comme "comment faire pousser des carottes dans un champ de salsifis" etc...
Après avoir rerangé la 'bibliothèque', maniaque oblige, il se jeta sur le lit dans un grincement de ressort.

"Bon bah, je sais pas trop où tu vas dormir, et je crois qu'au fond, je m'en fous. J'ai pas faim, pas la peine de me servir à manger. *baaaaillle* bon, voilà, et ne me réveille pas avant demain!!"

Et avec un grand sourire satisfait, il se roula en boule, attrapa une couverture trouée qui traînait et s'emmitoufla dedans. Mais il ne s'endormit pas tout de suite, comme tout intellectuel qui se respecte. Son esprit se mit à cogiter sur toute sa longue journée, et commençait déjà à tracer les plans d'une nouvelle invention.

"ATTCHHAAA!!!"

Chiotte, un rhube.

Harijan était de très bonne humeur en voyant Leigh se comporter ainsi, et il n'hésita pas à sourire largement et de façon absolument sincère. De toute façon il était chez lui, il avait droit d'avoir l'expression qu'il voulait.
Leigh l'amusait de plus en plus. Le sheikah ne savait pas ce que c'était que de s'occuper d'un gamin tellement insupportable et autoritaire qu'il en devenait adorable, sinon il aurait comparé cela à ce qu'il vivait à présent. L'hylien était... mignon. D'une certaine façon un peu étrange. Harijan se sentait sous le charme de ce nain qui pensait que tout lui était dû, et lorsqu'il s'en rendit compte il en ressentit une vague curiosité. C'était un sentiment nouveau, il se demandait combien de temps ça pourrait durer.

"Installe-toi confortablement et fais comme chez toi. Bien sûr tu prendras le seul lit de la maison, si si, j'insiste, vraiment. Si tu as une préférence alimentaire pour le petit-déjeuner merci de me la communiquer, je ferai mon possible pour y répondre. Si tu aimes les livres, dis-le moi aussi, je dois pouvoir trouver facilement des ouvrages qui puissent t'intéresser."

Ce n'était pas des paroles en l'air. Leigh avait pour l'instant peut-être eut l'impression de mener la danse, mais s'il devait vivre chez Harijan il fallait tout de même qu'il comprennen certaines choses. Son hôte n'était pas le premier venu, et il devrait bien l'admettre même s'il n'était pas nécessaire qu'il change son comportement ensuite. S'il changeait et devenait poli, il perdrait tout son intérêt.

*Toi, je vais t'en mettre plein la vue...*

Il tira ensuite de sous le lit une couverture de laine qu'il installa dans un coin, prit un livre puis se mit à lire, attendant que son invité fasse quelque chose ou s'endorme.

Enfoui sous sa couette, Leigh entendit les paroles de son hôte. Ses yeux bleu s'agrandirent d'étonnement.
Même lui, enfant pourri gâté, avait eu pleinement conscience de son effronterie, à s'installer comme ça chez cet inconnu. Et l'autre l'accueillait à bras ouverts...? Et lui en proposait d'avantage...? Normalement, le grand dadais aurait dû s'énerver, lui tirer la couette, le foutre dehors à coup de tatanes dans le derrière, et Leigh se serrait vengé en balançant un explosif de sa composition (il le cachait dans ses sous-vetements depuis le début, et ça commençait à le gratter), pour s'enfuir en rigolant alors que la maison explosait... Scénario classique.

Mais là... ça n'allait pas. ça n'allait pas du tout. Tout se passait trop bien. Leigh se releva, se mit sur son séant et observa d'un oeil suspicieux le type étendu un peu plus loin, à lire tranquilement un bouquin.
Qui c'était ce gars, à lui passer tous ses caprices avec ce grand sourire? Bien sûr, Leigh avait toujours rêvé que le monde entier se comporte comme lui mais... ça devait arriver après qu'il ait montré au monde une de ses géniales inventions....
Il ne pouvait pas croire que Harijan s'incline face tous ses désirs... juste comme ça. Sans raison apparente.

D'un coup, Leigh prit peur.
Ce n'était pas normal.
C'était donc dangereux... il ne savait pas trop pourquoi... pourquoi devrait-il faire confiance à ce type, d'ailleurs? Peut-être était-ce un piège? Et si c'était un assassin? Commandité par un adversaire, qui avait eu vent de son génie, et voulait l'éliminer pour avoir la place de meilleur inventeur d'Hyrule?
Dans un sourire arrogant, il se dit que c'était un scénario très probable, étant tellement fort, ça devait forcément engendrer des jaloux...
Mais son intelligence naturelle le remit sur le droit chemin: un assassin n'attendait pas trente ans pour tuer sa victime, surtout quand il avait eu une trentaine d'occasions de l'égorger à l'abri des regards indiscrets, tout en lui volant ses précieuses données...
Ce n'était donc pas logique. C'était alors quelque chose que même son intelligence supérieure ne pouvait saisir, et cela était proprement terrifiant.
Un instant, il hésita à se lever et à partir en courant.
Mais sa raison le calma. Autant profiter de l'instant présent. Et puis il faisait sacrément froid dehors.

"EEEEh! J'ai jopé un rhube! Basse moi da gouverture! Et debain je veux un oeuf au blat, un grand verre de lait Lonlon et des dardines beurrées à la gonfidure de rhubarbe!"

(mdr l'explosif dans les sous-vêtements...XD)

Harijan, plongé dans la passionnante et ultime leçon de "comment conquérir le monde en 20 leçons" intitulée asservissez les faibles, faites la conquête des forts, faites esclaves les intellectuels ou tuez-les, n'entendit tout d'abord pas la requête de Leigh. Et lorsqu'il l'entendit, elle l'ennuya un instant. "Comment conquérir le monde" était un excellent ouvrage, son livre fétiche en fait et même s'il l'avait déjà lu des dizaines de fois, il répugnait à devoir le fermer simplement pour faire plaisir à un nain qui squattait déjà son lit personnel à lui. Puis il se souvint que le-dit nain était le jouet le plus amusant qu'il ai rencontré depuis des années, et sans un soupir, souriant toujours aussi poliment, il se leva et lui amena sa couverture. Il irait en voler une autre plus tard, ça n'était pas un problème.
Retournant ensuite à sa place, il réfléchit un instant à la façon dont il allait se procurer le petit-déjeuner de sa Petitesse.

*ça... oui, je sais où. Le lait, un jeu d'enfant. Les tartines, pas trop dur. La confiture... truc de noble ça. Soit le marché noir, soit une escapade dans la haute-ville... mais je n'ai pas encore trouvé de passage pas trop risqué, donc ça sera le marché noir. Hum... ça va être dur... mais je peux le faire. J'espère.*

"Très bien, tu auras tout ça. Et je vais essayer de te trouver quelques vêtements aussi, les tiens sont dans un état catastrophique à cause de moi."

Harijan ne souriait plus à présent, trop concentré sur ce qu'il allait faire. Dire qu'il comptait prendre des risques immenses pour un simple amusement passager... il s'impressionnait lui-même. Mais d'un autre côté, s'il réussissait, sa réputation serait de toute façon grandie, alors il n'avait rien à perdre.

"J'ai quelques affaires à régler, je vais devoir te laisser. Fais comme chez toi, et si je devais ne pas être revenu d'ici demain soir eh bien... ça sera chez toi ici j'imagine. De toute façon, un tel retard signifierai que je ne reviendrai jamais, alors dans le fond je me fiche un peu de ce qui arriverai dans un tel cas."

Sur ces mots d'un optimisme absolu, il quitta la maisonnette, laissant Leigh dormir comme il l'entendait. Lui avait du travail qui l'attendait...

S'enroulant dans la deuxième couverture, Leigh observa avec un étonnement grandissant Harijan sortir de la maison.
Il était vraiment parti chercher ses caprices...? Il fut presque tenté de lui courrir après pour le raisonner. Surtout qu'il ne devait exister que deux ou trois pots de confiture de rhubarbe dans tout Ganoncity, et c'était en Haute-Ville et nulle part ailleurs. Cet abruti allait finir par le culpoabiliser...

Bon.
Leigh était tout seul dans la petite maisonnée, en plein centre ville. Il entendait la charpente craquer, les volets pourris claquer, les bruits de la ville qui doucement s'éveillait... Il se mit alors à regretter la tranquilité de ses rives boueuses.
Le petit inventeur se terra au fond du lit.
En plus, il faisait de plus en plus sombre, et il n'avait pas la moindre idée de l'endroit où étaient cachées les bougies. Ou même s'il y en avait.
Des gens passaient dans la rue, parlaient fort, riaient bizarrement, semblaient s'écrouler sur les murs, ou se vomir dessus...
C'était très difficile à avouer, mais Leigh commençait à avoir peur. il ne sentait pas du tout en sécurité...
Soudain il bondit de son lit. Quand il n'y avait pas de sécurité, il fallait la créer!
Aussitôt pensé, il se rua sur sa tunique-baluchon en trainant ses couvertures, sortit les gros cahiers de rapport d'expérience et commença à les feuilleter avec attention. Système de protection, système de protection, système de prot-

Quelqu'un frappa à la porte.
Leigh sursauta tellement fort qu'il en perdit ses lunettes.

"Qu'est-ce-"

"Bon ya personne hIpS, 'peut rentrer, tout piquer, allez les gaaars..."

Ainsi déboulèrent 4 types louches dans la maison d'Harijan. Qui ne manquèrent pas de remarquer le tout petit truc assis sur le plancher, enmêlé dans ses couvertues et qui cherchait ses lunettes à tatons.

"Marrant, y a une crevette par terre..."

Une fois ses lunettes rattrapées, Leigh put voir toute l'horreur de sa situation. Quatre horribles spécimens de la race hyrulienne avaient envahis les lieux. Terrifié, plaqué sur le sol, il n'osait même plus respirer. Peut-être qu'ils l'oublieraient...?

Une grosse patte le souleva du sol, et il reçut un jet d'haleine fétide en pleine tête. Il dut faire un immense effort de volonté pour ne pas s'évanouir de dégoût.

"L-Lâchez-moi....j-je sais pas... je viens d'arriver... je suis p-pas Harijan... je..."

Soudain, il mordit sauvagement la main qui le soulevait. L'horrible sac à vin le lâcha dans un hurlement de douleur.

"HA-HARIJAAAAAAANNN!!!"

Jamais Leigh n'avait autant espéré que ce grand dadais déboule pour exaucer son plus cher désir du moment: zigouiller les 4 affreux qui n'allaient pas tarder à passer leur frustration sur son petit corps fragile. Resserant les couettes sur ses épaules, il se faufila par la porte laissée grande ouverte et courrut dans la rue comme un fou, dans la nuit noire, glaciale, dangereuse...

"HAAAARRIIJJAAAAAAAANNN!!!"

(j'imagine le spectacle de Leigh courrant dans la rue avec la couette sur les épaules...XD)

Une fois remis de leur surprise -ils n'auraient jamais pensé que la crevette se défendrait -les quatre hommes se lancèrent à sa poursuite, certain que Leigh voulait seulement protéger son trésor. Ils étaient plus fort et avaient de plus grandes jambes: en quelques secondes ils l'eurent rattraper et s'y mirent à deux pour l'imobiliser, chacun tenant un bras. Le chef, massant encore sa main endolorie, approcha du petit inventeur et le giffla, pas trop fort tout de même de peur de lui arracher la tête par accident.

"On va reprendre depuis le début toi et moi, d'accord? Ou sont les rubis? Je vais te cogner jusqu'à ce que tu répondes!"

La colère l'avait en partie déssoulé, mais il tanguait encore un peu et avait du mal à réfléchir.

"Et c'est qui ce Harijan, hein? Un pote à toi? Ton associé?"

Un de ses complices, un peu moins ivre, eut alors une idée lumineuse.

"ça se trouve, ce Harijan c'est le géant dont le vieux avait parlé!"

"Dans ce cas, c'est qui cette crevette?"

"Ben... l'a une tronche de fille hein... L'est p'tit comme une fille aussi, et tout frêle... pour moi, c'est assez clair dit comme ça!"

Les quatre hommes sourirent en coeur. En temps normal ce genre de chose les aurait fait vomir de dégoût, mais ils avaient trop bu et étaient mécontent d'avoir pris des risques pour rien. Le chef regarda les autres avec dans les yeux une étincelle inquiétante.

"Vous croyez que si on le fait hurler assez fort, le géant débarquera?"

(muahaha xD)

La gifle faillit lui dévisser la tête, et une horrible douleur flamba dans son cou.

"L-Lâchez...Lâchez-moi..."

Pendu par chaque bras, même en se tortillant comme un fou, aucun des 4 armoires à glace ne lâchaient prise. Il ne savait pas quoi faire, il n'arrivait même plus à réfléchir, il sentait les haleines fétides sur sa nuque endolorie, et se sentait horriblement petit et vulnérable, à un point qu'il devait fournir un effort surhumain pour ne pas pleurer. Cela aurait trop faire plaisir aux horribles brutes.
Mais apparemment, celles-ci n'étaient pas décidé à s'arrêter aux paroles... Il fut parcouru de frissons d'horreur quand il sentit une main calleuse lui ôter sa couette pour lui caresser langoureusement le dos.

"HARRRIIIIJAAAAAAAAAAAAAAANNNNNN!!!!"

Leigh était sur le point de s'évanouir de terreur. Par les orteils de Ganondorf, qu'est ce qu'il avait fait pour mériter ça? Pourquoi le punissait-on ainsi? Avait-il été trop arrogant? trop prétentieux?
Intérieurement, il priait tous les dieux imaginables que ce cauchemar s'arrête. Ses lunettes étaient tombées et il ne voyait plus grand chose, mais ce qu'il sentait était insupportable.
Les brutes l'avaient allongé sur le pavé humide et froid, et commençaient à triturer l'ouverture de son pantalon.

"AAAAAAARRETEZ CA TOUT DE SUITE!!!! HHHAAARRRIIIJAAAAANNNN!!!!"

Leigh se tortillait comme un asticot, sans que ça n'ait d'autre effet que de faciliter l'ôtage de pantalon.

"Ooooohhh regardez, il est presséé lui zauusii hips!!"

Deux larmes naquirent au coin des yeux bleus de Leigh. Il n'en pouvait plus. Au secours, maman, papa, Ganondorf, Harijan, quelqu'un, pour le sortir de là, ou il allait crever de honte et de désespoir.

"HHHAAARRRIJAAAAAAAAAAAAA-AAA-AAAANNN... beeeuh..."

"Eh, t'as fait pleuré la best-bestiole...."

Les brutes envoyèrent avec délice le pantalon sur le mur d'en face. Leigh était à présent allongé en minishort, solidement tenu par quatre malfaiteurs, grelottant de froid, de honte et de terreur. Les larmes lui brouillainet la vue et lui dévalaient le visage, amsi ça valait mieux, il ne voulait pas voir ce qu'il allait se passer.
Car évidemment Harijan ne viendrait pas.
Ce débile profond ne servait à rien, depuis le début. Ce nullard de premiere beaucoup trop grand pour que ce soit naturel, n'avait été là que pour l'abandonner lâchement ensuite, et pour se venger, il avait envoyé 4 de ses amis avec une histoire de trésor à la con et il le punissait!! Ce salaud! Quel horrible tordu, quel monstre, quel insensible, quel animal cruel et sans pitié! Cet inférieur qui avait osé lui jouer un tour pareil, juste pour s'amuser de lui et de sa faiblesse! Ce sournois déchet avait osé l'accueillir à bras ouvert, cet immonde hypocrite, pour le souiller ensuite jusqu'au plus profond de son âme!
Les corps des brutes semblaient se rapprocher, et Leigh dans un sursaut de panique, essaya de déconnecter son cerveau pour ne pas sentir ce qui allait se passer. S'évanouir s'évanouir, juste s'évanouir pour échapper à la réalité...

"CONNAAAARRRD D'HAAARRIIJJAAAAAAAAAAAANNNN!!!"

Harijan, en revenant dans la rue où il habitait, était en proie à un sentiment entièrement nouveau. L'inquiétude. Il n'était pas parti depuis dix minutes qu'il avait la sensation de faire une bêtise, non pas en obéissant aux caprices d'un emmerdeur égocentrique, mais en laissant ce dernier seul. Il vivait au coeur de Ganoncity après tout. Dans une rue dangereuse. Dans une maison qui se faisait régulièrement cambrioler lorsqu'il était absent. Dont les voisins n'auraient jamais levé le petit doigt pour empêcher un méfait par peur des représailles.
En somme, il avait mis Leigh en danger. Et cette idée l'insupportait.
Sans plus réfléchir, il avait fait demi tour et était reparti en courrant vers chez lui. A chaque pas il paniquait un peu plus. Il était arrivé quelque chose, il en était certain. Quand il reviendrait, il ne trouverait qu'un cadâvre, un corps sans vie. On lui aurait cassé son jouet. On aurait tué son emmerdeur à lui. A cette pensée, il cru que son coeur allait exploser. Une partie de lui signala tout de même que s'inquiéter autant pour quelqu'un qu'il ne connaissait que depuis le matin même, ça devait cacher quelque chose, mais il ne l'écouta pas. Il n'avait jamais trop écouté cette étincelle de son esprit.

A force de courir, il cru un instant s'être perdu et paniqua de plus belle. Il allait arriver trop tard. Leigh serait mort. Par sa faute. Il n'était qu'un misérable, un bon à rien. ça, c'était un peu trop pour une autre partie de son cerveau, plus rationnelle, qui lui signala qu'il s'était sûrement emballé pour rien. Leigh pouvait s'en sortir s'en lui. Il l'avait fait depuis sa naissance après tout, il savait ce que c'était de vivre sans Harijan. Le sheikah était sur le point d'écouter ce qui devait plus ou moins ressembler à une forme de conscience, lorsque pour la première fois il entendit quelque appeller son nom. Leigh.
Il reprit alors sa course, désormais certain que quelque chose n'allait pas, et sa conscience pouvait bien aller se faire voir. Plusieurs fois encore il entendit les cris du petit hylien, chaque fois plus proche, et ses cris l'inquiétaient autant qu'ils le rassuraient. S'il hurlait, il vivait.

"CONNAAAARRRD D'HAAARRIIJJAAAAAAAAAAAANNNN!!!"

Harijan arriva dans la rue à l'instant où Leigh poussait son dernier cri de désespoir. En une seconde il comprit ce qui se passait, analysa la scène en détail, et passa à l'action. Ramassant un pavé au milieu de la rue, il visa soigneusement et le lança à la tête du chef des cambrioleurs, manquant de peu de l'assomer, puis certain qu'il avait à présent leur attention il leur sourit, très poliment.

"Messieurs, permettez que je me présente, mon nom est Harijan Dalit. Vous ne me connaissez peut-être pas, mais je suis en temps normal l'un des hommes les plus civilisés de cette ville. Hélas, ce que vous alliez faire est, je le crains, un crime impardonnable. Si vous avez des dernières volontés je vous remercierai de me les communiquer, je tacherai de les respecter si elles n'engagent ni ma vie ni celle de mon associé ici présent."

Son sourire s'agrandit encore un peu devant leur surprise.

Dans son brouillard de désepoir, Leigh entendit une voix qu'il savait détester amèrement.
Harijan.
Leigh s'évanouit avec un petit sourire au coin des lèvres.

Les 4 abrutis regardèrent avec un franc étonnement le géant qui venait de débarquer.

"Kesseuucékiveuuu... les gars, butez-le!"

Et pendant que 3 des brutes se jetaient sauvagement sur Harijan, le dernier et chef avait bien l'intention de terminer le travail.

"Evanoui?... trop facile..."

Discrètement, il emporta la crevette et s'éloigna dans une autre rue.

"Si le géant est poussé à bout, il nous donnera forcément son trésor...hihi"

Harijan songea avec mépris que ces hommes n'étaient que des amateurs. Il n'aurait même pas le plaisir d'un combat intéressant. Pour preuve l'un deux, définitivement trop ivre, trébucha et tomba avant même d'approcher de sa cible. Le sheikah esquiva les deux autres et, d'un geste gracieux, donna un coup du tranchant de la main contre la nuque de l'un des deux, suffisament fort pour qu'il s'effondre aussi. Restait le dernier qui ne semblait pas avoir remarqué qu'il était seul. Harijan, miséricordieux, décida de lui laisser une chance de s'en sortir sans trop de honte.

"Abandonne, et tu vivras. Si tu t'obstines, je me verrai dans l'obligation de te briser la nuque pour être certain que tu seras sage désormais."

L'homme répondit par un "Yaaaaaaaaaaargh" sonore et fonça une nouvelle fois vers Harijan qui, d'un coup de poing, l'arrêta. Minable. Il détestait les hommes ivres, ils n'étaient pas du tout amusant. Sauf si on leur faisait un peu peur bien entendu... Attrapant l'homme par le col, il l'approcha de son visage et lui parla d'une voix douce, trop douce même.

"Maintenant, toi et tes amis vous allez restez là et prier pour que je retrouver mon associé... s'il meurt, vous en serez responsable. Or tu vois, moi, je ne suis pas encore en colère pour l'instant. Je ne suis en colère que lorsque ceux qui me sont chers sont tué. Tu imagines comme je peux être si je m'énerve? Oui? Alors prie.. Toi tu as une chance de vivre, peut-être, mais celui qui est parti avec Leigh ne verra plus jamais le soleil se lever..."

Il lâcha ensuite le cambrioleur qui retomba lourdement sur le sol avec un gémissement, puis mu par une sorte d'instinct il partit vers la rue où s'était enfui le chef avec Leigh. Quelqu'un allait beaucoup souffrir.
Harijan détestait qu'on abime ses jouets.

Le chef, qui désaoulait tout doucement, avançait en zigzaguant dans une ruelle sombre, le petit bout d'homme évanoui au creux des bras. Il le contemplait d'ailleurs avec attention. Sûr qu'il en tirerait un excellent prix en le vendant comme prostitué. Il avait d'ailleurs un très bon ami qui travaillait dans le domaine...
Les bruits de combat s'étaient arrêtés un peu trop rapidement à son goût. A présent complètement lucide, son choix fut vite fait. Vendre la crevette allait être beaucoup plus rentable que de se battre contre un géant de mauvaise humeur.
L'appât du gain lui donna des ailes, et il courrut, dans une ligne droite parfaite, jusqu'à l'Avenue des émietteuses, espérant semer son très probable poursuivant. Ce n'était pas pour rien qu'on l'appelait Dany Longues-Jambes!

(> Avenue des émietteuses uhuh)

(< Avenue des émietteuses)

Leigh, traîné par Harijan, finit par reconnaître la rue de la maison de son hôte, à la lueur des premiers rayons du soleil. Regardant le sol, il aperçut son pantalon, barbotant dans le caniveau. Et il faillit marcher sur ses lunettes. Ramassant le tout en grimaçant à cause de ses courbatures et de l'odeur du pantalon (il ne voulait pas savoir dans quoi il avait exactement trempé), il tituba jusqu'à l'entrée de la maison où Harijan l'attendait. Tiens, il n'avait meme pas pensé à hurler à l'autre asperge qu'il aurait pu le faire à sa place...
Bah.
Il entra dans la petite maison et s'écroula sur le lit, ses affaires au creux des bras. Mais il ne s'endormit pas. Quelque chose l'en empèchait. Une question.

"Hey..."

Il se releva, regardant de profil Harijan qui était entré à sa suite, torse nu puisque Leigh avait sa chemise sur les épaules.

"...Pourquoi t'es venu? ... On ne se connaît pas."

Harijan ne répondit pas tout de suite. C'était exactement le moment qu'il aurait voulu éviter. Les explications. Il n'en avait aucune qui tienne la route ou qui ne risque pas de blesser l'hylien. Il ne pouvait quand même pas lui dire qu'il n'aimait pas qu'on lui vole ses jouets... d'autant plus qu'il n'était plus certain de le voir comme un jouet.

"J'sais pas. Sur le moment l'idée m'a parut bonne. Et puis quoi, t'aurais préféré que je te laisse là-bas?"

Un frisson le parcourut alors, et il réalisa qu'il ne faisait pas très chaud, d'autant plus que ses deux couvertures étaient en possession de Leigh. Ainsi que la seule chemise qui lui restait.

"Et toi alors, c'était quoi ces explosifs dans ton caleçon? Tu veux être prêt à toutes les éventualités ou quoi?"

"Ah... les explosifs..."

Leigh eut un petit sourire, et s'assit complètement sur le lit.

"C'est une vieille habitude. En fait, c'est ma botte secrète, puisque je ne sais pas me battre..."

Cela lui coutait d'avour une des ses faiblesse, mais bon, avec tout ce qu'il s'était passé quelques heures auparavant, il n'était plus à une honte près. Du moins devant Harijan.
Leigh leva ensuite le nez vers l'autre et le regarda d'un petit air supérieur.

"Non, en fait, c'est normal que tu sois venu, par respect devant un être supérieur... Enfin, tu le reconnais! De toutes façons, si tu n'étais pas venu, j'aurai passé la moindre minute de ma vie à te chercher pour te brûler vivant."

Leigh attrapa une des deux couettes qui traînaient sur le plancher et la tira sur lui. Bien sûr,il ne pensait pas vraiment ce qu'il disait. Il était parfaitement incapable de tuer, ou meme de l'imaginer. Le meurtre de ce matin passait très mal. Mais Harijan n'était pas supposé le savoir.
Et malgrè tout, il était extrèmement agréable d'avoir un gars costaud entièrement dévoué à son service.

"Bon, je dors. Et euh... baricade l'endroit si tu pars."

Après lui avoir lancé un petit regard noir, il déposa ses lunettes un peu amochées et s'écroula sur le matelas. Trouver des vêtêments allait devenir urgent, il se voyait mal se promener en short en ville. Surtout après ce qui était arrivé...
Il ne lui fallut pas 15 secondes pour s'endormir.

Harijan regarda son nouveau jouet s'endormir dans son lit, avec ses couvertures sur le dos. Pour la première fois depuis plusieurs heures, il se demanda s'il n'était quand même pas sérieusement en train de se faire avoir. Ce type était insupportable dès qu'il se sentait en confiance, et s'il avait peur il était... encore pire. Et il était autoritaire. Et orgueilleux. Et super mignon en caleçon.

*Euh... c'était quoi là à l'instant cette pensée? Je dois vraiment être crevé pour me dire ce genre de conneries...*

Il se tourna ensuite vers sa porte. Une bonne porte qui n'avait pas changé depuis qu'il s'était installé là. Elle n'empêchait pas le froid d'entrer et la chaleur de sortir, elle grinça un peu par moment et elle lui était plusieurs fois tombée sur les orteils, mais c'était une chouette porte quand même. Y mettre un cadenas lui avait toujours semblé mal, parce qu'elle n'avait rien fait pour mériter ça. Mais maintenant que Leigh était là, les états d'âme d'un bout de bois pourri était devenu très secondaire. Il trouverait dès le lendemain de quoi vérouiller son chez-eux.
Attrapant ensuite la seconde couverture que Leigh lui avait abandonné -la plus fine, mais c'était le geste qui comptait après tout - il s'installa en travers de la porte et s'endormit dans la position qu'aurait pris un chien de garde.

*Me faire avoir... suis sûr que me fais avoir...*

Leigh dormit 5 heures, d'un sommeil remplis de cauchemars, dont un où on l'avait forcé à enfiler un porte-jaretelles et à danser sur une table au milieu de gros gras edentés bourrés et déjà morts, qui baignaient dans leur sang et qui essayaient de le tuer en lui glissant dans son short des sachets d'explosifs. Il se réveilla en sursaut quand un des cadavres lui avait sauté dessus pour l'embrasser.

Trempé de sueur, il vira la couette et s'assit sur le lit. Se laver. Il fallait qu'il se lave tout de suite. Et manger. Il n'avait rien avalé depuis... un moment. Jetant un regard circulaire sur la pièce, il fut extrèmement déçu de ne rien voir de neuf. Sinon un géant couché comme un clebs devant la porte. Ce pauvre inférieur comprenait vite où était sa place.

"HEY!! DEBOUT! ET MON PETIT DEJEUNER?? J'AI FAIM! ET JE VEUX ME LAVER!!"

Leigh se sentait d'extrème mauvaise humeur. Et il était temps de préparer de nouveaux sachets d'explosifs. Les plus dangereux possible de préférence.

Harijan ouvrit un oeil, puis l'autre, et découvrit qu'il faisait jour et qu'il n'était plus du tout au royaume des petits gâteaux au gingembre où des anges bruns portant des lunettes faisait ses quatre volontés dans tous les domaines, y compris certaines qu'il ne connaissait même pas lorsqu'il était éveillé. L'inconscient était une chose merveilleuse, songea-t-il. Entendant le mot petit-déjeuner, il eut un grognement de plaisir.

"Vouais, manger... moi aussi veux... du chocolat, plein de chocolat... et des petits gâteaux sitôplait maman, et aussi..."

Deux détails clochaient, le sheikah le réalisa. D'abord, sa mère ne lui avait jamais demandé ce qu'il voulait manger parce qu'elle était morte depuis longtemps, et ensuite elle n'avait certainement pas cette voix désagréable de son vivant. Se redressant, il découvrit Leigh et ouvrit de grands yeux étonnés.

"Ben merde, t'es qui toi?"

Le visage lui était familier, mais sans plus. Le ton autoritaire et l'air hautain lui rappellaient furieusement quelque chose, mais il était encore trop tôt pour pouvoir dire quoi.
(Hari n'est pas du matiiiiiiiin!XD)

Leigh rendit à harijan son air ahuri. Pétard, il était tombé sur un amnésique? Le sommeil lui lavait le cerveau...? Il eut la brusqu'envie de se cogner la tete sur le mur devant tant de débilité, mais une idée géniale, naturellement, fleurit dans son esprit.
Autant profiter de la situation...
Leigh sauta du lit avec entrain.

"Salut. Tu ne t'en souviens pas, mais je suis ton maitre. Tu dois donc faire tout ce que je dis sans poser de questions, ok? On va commencer tout de suite; je veux mes tartines à la rhubarbe et de quoi me laver. Immédiatement."

Le jeune inventeur lui lança un grand sourire supérieur.

"C'est bon, j'ai parlé assez lentement?"

Harijan dévisagea Leigh, de plus en plus sceptique. Il n'était pas des plus rapides au réveil, mais il savait tout de même qu'il était chez lui et qu'il aurait mieux aimer mourir que d'avoir un maître. Donc le nain faisait erreur.
Le mot rhubarbe lui rapella aussi des souvenirs. Il était allé en chercher la veille pour... pour...

"Ah, oui! Le nouveau jouet!"

*Salut mon gars, bien dormi?*

Quelque chose clochait de nouveau. Il retenta le procédé de manière inversée.

"Salut mon gars, bien dormi?"

*Vouais, ça marche mieux comme ça. Bon ensuite...*

"Pour la douche, va voir la voisine, elle me prête une bassine pour prendre des bains. Dis-lui que tu viens de ma part et que je la payerai tout à l'heure. Va falloir être un peu patient, j'en ai pour au moins une heure à trouver de quoi satisfaire tes caprices. Ah, et aussi..."

Il souleva une latte du plancher et en tira un coffret rempli de rubis. Il en sortit une dizaine, rangea le reste, puis donna à Leigh son argent de poche.

"La voisine est une gentille petite vieille, tu n'auras qu'à lui demander d'aller t'acheter des vêtements... Si elle ne veut pas, je m'en occuperai en revenant."

Il étouffa un baillement et alla s'asseoir sur le lit, n'ayant dans l'instant aucune envie de partir.

Empochant l'argent sans vraiment s'en rendre compte, leigh tiqua sur un mot. "Jouet".

"Attends... hey... comment tu m'as appelé? JOUET?? QU'EST CE QUE çA VEUT DIRE???"